100 kms de Vendée

Samedi 27 Avril 2013

Samedi 27 avril, Sarlat 12h03, j’ (Christine D.B) abandonne au 50^ème km du chpt de France de 100km . La déception est énorme. Mais mon corps a dit stop. Mon dos s’est bloqué  vers le 42^èmekm et les 8km pour rallier Sarlat ont été terribles. Dans ma tête tout va très vite, le dernier mois de préparation  a été gêné par une blessure et le stress qui m’a occasionné des nœuds au ventre. Prendre le départ ainsi diminuée n’était pas raisonnable mais qui a dit que j’étais raisonnable ??? 10 minutes à peine après mon abandon, mon mari me chuchote que dans 15 jours c’est Chavagnes ! Sur le coup, impensable, après un 50km…. Mais dès le lundi, j’ai remis mes baskets sans douleur musculaire aux jambes. Je décide de ne rien décider avant la dernière minute. Me détendre, déstresser, soigner mon dos et dénouer mon ventre… faire quelques séances d’entraînements pour  me rassurer. j’ai toujours eu du mal à gérer mon stress et jusqu’à 72h de Chavagnes, j’étais remplie de doute. Mon kiné m’a donné sa bénédiction le mercredi. Le jeudi je réservais l’hôtel, le vendredi je m’inscrivais sur place et me voilà en ce samedi matin 11 mai à 5h sur la ligne de départ. Seuls mes parents, ma fille et mon kiné savent.

10°C, léger vent mais pas de pluie. 160 coureurs au départ. Le circuit est composé d’une mini boucle de 800m, suivie de 6 tours de 16.5km environ. Pas d’échauffement, le but est de partir très cool…ma tendinite au semi membraneux et ma périostite se réveillent déjà  mais je connais ces douleurs depuis plus d’un mois. Passage au 10^ème km en 53 minutes, je suis partie vraiment doucement !!! Mon tableau d’allure est simple :  12km/h pour tenter un 8h20-8h30. Essayer d’assurer….ne rien regretter surtout.

2^ème tour plus rapide, le jour est levé, je découvre la campagne environnante. Passage au semi en 1h43 environ.  Mes sensations sont loin d’être parfaites, plein de petites douleurs qui tournent mais l’envie est là. Pas d’affolement ; je demande à mon mari de me freiner dès que je dépasse les 12.3km/h.

Au 35^ème  , premières douleurs au dos et premiers gros doutes…. J’essaie de faire abstraction, je me détends et je pense à des choses positives….

Passage au marathon en 3h31, pile dans les temps. Le circuit comporte une zone boisée avec un chemin souple et des petites routes de campagnes avec un revêtement abîmé, bombé…Ces passages deviennent difficiles pour les appuis au fil des kilomètres…

Fin du 3^ème tour, 50^ème km 4H10 ; L’officiel  qui prend mes temps de passage régulièrement me dit « juste dans les temps ». Je suis bien à ce moment. J’ai mal mais tout est tolérable.

La campagne est belle, mais le vent se lève au fil des tours et me gêne un peu. Quand la première averse arrive avant le 60^ème km, je suis dans le  « dur ». Patrice essaie de me rassurer. Ma tête  gamberge, je broie du noir, je ralentis… au ravito du 62^ème km, je prends du paracétamol, mon dos me fait vraiment mal. Je bois coca et mange de la banane. Au 65^ème ça ne va plus du tout, j’annonce à Patrice que j’arrête à la fin de ce tour. Et Patrice est là. Il m’encourage, me dit de passer outre. « C’est le moment difficile, fais encore un tour , tu verras après ». Je gamberge…que faire ??? je finis le 4^ème tour. Je suis en tête ; allez me dis-je ! Je sais qu’en faisant ce 5^ème tour, l’avant dernier, je finirai …j’abandonne pas un 100km au 83^ème sauf si énorme défaillance. Je repars donc pour un tour. Les 5 premiers km de ce tour seront un vrai calvaire : marche  – course- pleurs, arrêt aux 2 gros ravitaillements, « pauses techniques ». Gros découragement, demi-tour ou pas ???? Et là un déclic, je recommence à courir et mon dos me fait moins souffrir (paracétamol a fait effet ???). c’est le 70^ème km, le mur du 100km pour moi, si la tête est forte à ce moment-là, ça passe.

Reprise de l’allure malgré ma souffrance… finir coûte que coûte même si pas de bon chrono à l’arrivée. L’objectif de 2013 pour moi c’était la réintégration de l’équipe de France. Donc il faut tenir, voir loin devant et serrer les dents. Je pense aux gens que j’aime et qui croient en moi… Je m’accroche. Je reprends mon rythme de croisière , seuls mes arrêts aux stands me feront perdre du temps sur les 20 derniers km (1 à 2 minutes par ravito  soit  près de 8minutes « perdues » mais indispensables à ce moment de la course). Je remonte des coureurs, encouragements. J’ai de la chance d’être filmée régulièrement par un caméraman sur une moto et toujours des mots d’encouragements. A partir du 90^ème, un officiel est là en moto près de moi et m’encourage. Patrice me décompte les kilomètres restants, le soleil est revenu. Dans ma tête, tout est calme bizarrement. Je ne vais pas exploser de chrono mais il sera acceptable et c’est une revanche sur moi-même. Je repense aux années difficiles où pendant 4 ans j’ai  fait des compets sans être bien parce que même blessée il fallait que je cours. Je repense à mes opérations  chirurgicales de 2012. Se satisfaire déjà de l’étape franchie !!

Au 95^ème l’officiel m’annonce un 8h37 à l’arrivée si pas de défaillance. Les 5 derniers kilomètres sont courus un peu au ralenti quand même : 11.8km/h . je suis fatiguée quand même !!!!

Dernier kilomètre, Patrice file à l’avant pour me prendre en photo…ouf voilà le dernier virage, reste 250m, ligne d’arrivée , je fais l’avion, je zigzague, l’émotion est forte , Les spectateurs m’applaudissent ; les larmes coulent. Je ralentis 50mètres avant la ligne pour la couronne de laurier qu’on me met autour du cou.  Je franchis la ligne d’arrivée en 8h37min et 35 sec. Fatiguée mais comblée. Je suis allée au bout. C’est un bonheur immense…. Photos , interviews, sanglots, y’a tellement d’émotions…

Un représentant Du hors stade de la FFA est là, me félicite et m’annonce ma probable sélection en équipe de France pour les championnats du monde 2013. Je serai prête. Objectif de l’année atteint même si le chrono est très loin de mon record (8h08)…

Maintenant place au repos, soigner les bobos, faire le plein de bonnes choses, courses plaisir pour un automne au top je l’espère ! 

Article de Christine DB